Le docteur David Wong a obtenu son diplôme à l’Université de Hong Kong en 1974 et a suivi une formation en pédiatrie aux États-Unis. En 1986, il s’est installé avec sa famille à Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, où il a ouvert un cabinet de consultation pédiatrique.
Peu de temps après son arrivée à l’Île, on lui a présenté des enfants, des garçons pour la plupart, qui perturbaient la classe et avaient des difficultés d’apprentissage. Il ne savait rien de cette maladie à l’époque. Le manuel de pédiatrie qu’il utilisait à l’école de médecine ne contenait qu’un seul paragraphe sur ces enfants hyperactifs. Aucune autre formation n’existait pendant son internat aux États-Unis.
Il se souvenait toutefois que l’un de ses frères aînés présentait le même trouble. Ce frère brisait tout ce qu’il pouvait trouver. Dans les années 1950, il avait démonté l’horloge familiale, qui comportait de nombreuses roulettes à l’intérieur, mais n’avait pas pu la remonter. Leur père l’avait sévèrement puni physiquement pendant son enfance. Il avait redoublé trois fois sa cinquième année, alors qu’il était l’enfant le plus intelligent de la famille.
Ce souvenir en tête, le Dr Wong est parti suivre une formation complémentaire sur ce nouveau trouble appelé « trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité » (TDAH).
Pendant des décennies, il a vu des milliers d’enfants atteints de TDAH et a pu aider bon nombre d’entre eux. Malheureusement, beaucoup de parents ne voulaient pas entendre parler du diagnostic et refusaient l’aide médicale.
En raison de son succès à traiter les enfants qui pouvaient l’être, il a reçu des demandes d’aide de partout dans la province. Au fil du temps, il a également reçu des demandes d’adultes ayant un TDAH, qui avaient abandonné l’école secondaire, étaient devenus toxicomanes ou alcooliques et avaient eu des démêlés avec la justice. Il a réussi à améliorer la situation de beaucoup d’entre eux, qui se sont tenus loin de la drogue et de la prison.
Alors qu’il envisageait de prendre sa retraite de la pédiatrie, il s’est senti appelé à continuer à aider les adultes atteints de TDAH. Durant une certaine période, il a suivi plusieurs dizaines de patients qui étaient devenus des adultes dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine. Les autorités sanitaires l’ont autorisé à voir des adultes et l’ont nommé spécialiste du TDAH à l’Île-du-Prince-Édouard. En 2022, le ministère de la Santé et du Mieux-être a accordé au Dr Wong un million de dollars pour lancer le premier programme public de traitement du TDAH chez l’adulte au pays. Il a formé plusieurs infirmières praticiennes qui collaborent avec lui à l’évaluation et au traitement des adultes atteints de TDAH dans toute la province. Ils utilisent une approche pluridisciplinaire pour aider les insulaires atteints de ce trouble.
Enfants de parents souffrant de TDAH et de TUS
Comment éviter que cela ne devienne un problème s’étendant sur plusieurs générations?
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est le trouble psychiatrique ou de santé mentale le plus fréquent chez les enfants. Ce trouble génétique est transmis par les parents à leurs enfants. La plupart des recherches ont montré que la prévalence du TDAH chez les enfants est de l’ordre de 5 à 9 %. Ce taux est très probablement sous-évalué. La plupart des filles ne sont pas physiquement hyperactives ou perturbatrices; elles sont considérées comme des rêveuses et reçoivent un diagnostic que plus tard dans leur vie.
De plus, de nombreux enfants atteints de TDAH grandissent dans des foyers chaotiques avec des parents dont le TDAH n’a pas été diagnostiqué ou traité. Ces parents ont de la difficulté à gérer leurs émotions; ils sont frustrés par leurs enfants et se mettent facilement en colère. Ils rencontrent des difficultés financières en raison de leur situation de sous-emploi ou de chômage. Nombre d’entre eux font également face à leur propre dépendance aux drogues légales et illégales.
La situation des enfants s’aggrave lorsqu’ils fréquentent l’école : difficultés d’attention, mauvais résultats scolaires, manque d’estime de soi et faibles interactions avec les autres élèves. De nombreux adolescents commencent à expérimenter les drogues plus tôt que leurs pairs qui ne souffrent pas de TDAH : présence de drogues à la maison, tendance à l’impulsivité, volonté d’essayer tout et n’importe quoi. Ils peuvent passer rapidement de l’expérimentation de la drogue à la dépendance.
Nombreux sont ceux qui passent par des programmes de traitement comme s’ils étaient des portes tournantes, rechutant sans cesse. C’est un défi énorme, mais pas impossible, d’aider ces parents et ces enfants atteints de TDAH et d’éviter ce problème multigénérationnel.
Objectifs :
Reconnaître le lien entre le TDAH et la toxicomanie.
Comprendre l’importance d’un diagnostic et d’un traitement précoces des enfants atteints de TDAH.
Déterminer les moyens de dépister, d’évaluer et de traiter les femmes (et les hommes) souffrant de TDAH dans les centres d’aide aux toxicomanes, et les soutenir dans la communauté.